Âge légal de départ, durée de cotisation, retraite anticipée, pénibilité, régimes spéciaux : nous avions examiné dans cet article les changements prévus par la réforme des retraites. Nous avions également évoqué quelques solutions permettant de préparer votre retraite financièrement. Nous complétons cet article pour vous informer des changements apportés par cette réforme entre 2023 et 2025.
Réforme des retraites 2023 : âge légal de départ et durée de cotisation
Pour rappel, parmi les principaux points de la réforme des retraites 2023 figurent l'âge légal de départ à la retraite et la durée de cotisation. Regardons en détail ces mesures.
L'âge légal de départ avec la réforme des retraites
Avec la réforme des retraites, l'âge de départ est progressivement porté de 62 à 64 ans. Depuis le 1er septembre 2023, il est relevé à raison de 3 mois par année de naissance. Cette mesure concerne les assurés nés à compter du 1er septembre 1961 et au-delà.
À titre d'exemple, l'âge de départ à la retraite pour les assurés nés en 1965 est porté à 63 ans et 3 mois (en 2027). Il atteindra 64 ans en 2030 pour les personnes nées en 1968 et au-delà.
Réforme Macron : durée de cotisation pour une retraite à taux plein
La durée de cotisation requise pour percevoir une retraite à taux plein a augmenté. Pour obtenir une pension sans décote, il faudra cotiser 43 années ou 172 trimestres dès 2027. L'allongement de la durée de cotisation suit un rythme d'un trimestre supplémentaire par année entre 2023 et 2027. L'âge d'obtention d'une pension à taux plein est maintenu à 67 ans. Pour les personnes invalides, l'âge de départ à taux plein est fixé à 62 ans.
Tableau récapitulatif : âge légal de départ et durée de cotisation réforme des retraites 2023
| Année de naissance |
Âge avant réforme |
Âge après réforme |
Durée de cotisation avant la réforme |
Durée de cotisation après la réforme |
Trimestres + |
| 1960 |
62 ans |
62 ans |
167 trimestres |
167 trimestres |
0 |
| 1er janv. - 31 août 1961 |
62 ans |
62 ans |
168 trimestres |
168 trimestres |
0 |
| 1er sept. - 31 déc. 1961 |
62 ans |
62 ans et 3 mois |
168 trimestres |
169 trimestres |
1 |
| 1962 |
62 ans |
62 ans et 6 mois |
168 trimestres |
169 trimestres |
1 |
| 1963 |
62 ans |
62 ans et 9 mois |
168 trimestres |
170 trimestres |
2 |
| 1964 |
62 ans |
63 ans |
169 trimestres |
171 trimestres |
2 |
| 1965 |
62 ans |
63 ans et 3 mois |
169 trimestres |
172 trimestres |
3 |
| 1966 |
62 ans |
63 ans et 6 mois |
169 trimestres |
172 trimestres |
3 |
| 1967 |
62 ans |
63 ans et 9 mois |
170 trimestres |
172 trimestres |
2 |
| 1968 |
62 ans |
64 ans |
170 trimestres |
172 trimestres |
2 |
| 1969 |
62 ans |
64 ans |
170 trimestres |
172 trimestres |
2 |
| 1970 |
62 ans |
64 ans |
171 trimestres |
172 trimestres |
1 |
| 1971 |
62 ans |
64 ans |
171 trimestres |
172 trimestres |
1 |
| 1972 |
62 ans |
64 ans |
171 trimestres |
172 trimestres |
1 |
| 1973 et suivantes |
62 ans |
64 ans |
172 trimestres |
172 trimestres |
0 |
Adaptation du dispositif de départ anticipé pour les carrières longues et l'invalidité
Depuis le 1er septembre 2023, la réforme des retraites a modifié les conditions de départ anticipé pour les carrières longues. Le dispositif est étendu aux personnes dont la carrière a débuté avant 21 ans.
Retraite carrières longues : quatre seuils d'âge légal de départ anticipé
Quatre seuils d'âge déterminent la date de départ anticipé à la retraite.
- Carrière débutée avant 16 ans : départ anticipé à partir de 58 ans.
- Carrière débutée entre 16 et 18 ans : départ anticipé à partir de 60 ans.
- Carrière débutée entre 18 et 20 ans : départ anticipé à partir de 62 ans.
- Carrière débutée entre 20 et 21 ans : départ anticipé à partir de 63 ans.
Conditions d'éligibilité au dispositif de départ anticipé à la retraite pour carrière longue
Deux points président à l'éligibilité au dispositif de départ anticipé pour carrière longue. D'une part, il faut avoir validé au moins 5 trimestres de cotisations à la fin de l'année civile de ses 16, 18, 20 ou 21 ans (ou 4 pour les personnes nées entre octobre et décembre). D'autre part, il faut afficher le nombre de trimestres requis selon l'année de naissance. Il faudra donc avoir cotisé entre 169 et 172 trimestres.
Conditions de départ anticipé à la retraite pour handicap, invalidité ou incapacité
La réforme Macron prévoit un maintien des possibilités de départ anticipé à taux plein pour les assurés en situation de handicap ou d'incapacité permanente et en instaure un nouveau pour les personnes inaptes au travail.
- Handicap. Départ anticipé à la retraite dès 55 ans, à condition de justifier d'une incapacité permanente égale au moins à 50%.
- Exposition à l'amiante. Départ anticipé à la retraite dès 50 ans.
- Invalidité ou inaptitude. Départ anticipé à la retraite dès 62 ans.
- Incapacité permanente (IP) supérieure ou égale à 20% (à la suite d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle). Départ anticipé à la retraite à partir de 4 ans avant l'âge légal, soit à 60 ans.
- Incapacité permanente inférieure à 20% mais au moins égal à 10% (accident du travail ou maladie professionnelle). Départ anticipé à la retraite à partir de 2 ans avant l'âge légal sous 2 conditions (avoir été exposé pendant 17 ans (68 trimestres) à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels ET pouvoir prouver que votre IP est directement liée à cette exposition).
Un nouveau dispositif pour revaloriser le montant des petites retraites
Le gouvernement français a souhaité un relèvement de la retraite minimum. Une revalorisation a été réalisée à hauteur de 85% du SMIC net au moins. Le nouveau montant de cette pension atteint 1 200 euros brut par mois. Le calcul s'appuie sur une carrière complète cotisée au SMIC et un travail à temps plein. Les retraités ayant cotisé 120 trimestres au moins ont bénéficié d'une revalorisation allant jusqu'à 100 euros. Les carrières à temps partiel ou « hachées » sont exclues de ce dispositif.
Ce qui change pour le cumul emploi-retraite en France
Les retraités exerçant une activité dans le cadre d'un cumul emploi-retraite peuvent désormais acquérir des droits supplémentaires. Avec la réforme des retraites de 2023, les assurés relevant du régime TNS (travailleurs non-salariés) peuvent également profiter de cette mesure aussi. Pour être éligible à ce dispositif, le retraité doit exercer son activité dans une autre entreprise ou chez un autre employeur. S'il choisit de poursuivre son travail dans la même entreprise, il doit respecter un délai de carence de six mois.
Ce qui change pour la retraite progressive en France
La loi facilite la transition entre activité et retraite. L'accès à la retraite progressive est simplifié pour les salariés du secteur privé, les fonctionnaires et les assurés relevant du régime TNS. Ce système permet de liquider partiellement avant l'âge légal sa pension pour passer à temps partiel. Avec le report de l'âge légal de départ à 64 ans, partir en retraite progressive était possible à 62 ans, mais depuis le 1er septembre 2025, vous pouvez prétendre à la retraite progressive à partir de 60 ans. Cela résulte de l'Accord National Interprofessionnel (ANI) sur l'emploi des seniors qui a été signé le 14 novembre 2024 par les partenaires sociaux.
Pénibilité et usure professionnelle : les changements apportés par la loi portant réforme des retraites
Plusieurs points de la réforme des retraites visent la pénibilité et l'usure professionnelle. L'article 17 de la LFRSS modifie notamment l'utilisation du compte professionnel de prévention (C2P).
L'utilisation du C2P dans le cadre d'un projet de reconversion professionnelle
La loi portant réforme des retraites élargit l'utilisation du compte professionnel de prévention (C2P). Désormais, les points acquis sur le C2P seront mobilisables dans le cadre d'un projet de reconversion professionnelle. Les points convertis en euros serviront à abonder le CPF (compte personnel de formation) ou à maintenir des revenus pendant le congé de reconversion. La transformation des points est ouverte aux salariés en activité ou au chômage.
Majoration de durée d'assurance pour enfant : que prévoit la réforme des retraites ?
Les articles 12 à 16 de la loi portant réforme des retraites modifient la prise en compte des enfants dans le calcul des cotisations.
Une surcote pour les parents continuant de cotiser entre 63 et 64 ans
La loi prévoit une surcote de 1,25% (dans la limite de 5%) pour chaque trimestre cotisé pour les parents continuant de cotiser entre 63 et 64 ans. Elle concernera les retraités répondant aux deux critères suivants. Ils bénéficient de la durée d'assurance pour le taux plein (carrière complète). Ils justifient d'un trimestre de majoration d'assurance pour un enfant au moins.
Une nouvelle répartition des trimestres de majoration liés à l'éducation d'un enfant
Au minimum, deux trimestres de majoration liés à l'éducation ou l'adoption d'un enfant sont garantis aux mères de famille.
Une répartition des trimestres avant la réforme des retraites 2023
Avant la réforme de 2023, le système reposait sur l'octroi de huit trimestres supplémentaires par enfant, pour les parents d'enfants nés à partir de 2010. Quatre trimestres, accordés au titre de la maternité ou de l'adoption, étaient automatiquement attribués à la mère, sauf manifestation contraire des parents. Quatre trimestres, accordés au titre de l'éducation, pouvaient être répartis entre les deux parents.
Une répartition des trimestres après la réforme des retraites 2023
Avec la réforme des retraites 2023, la naissance ou l'adoption d'un enfant permet toujours de bénéficier de 8 trimestres qui sont automatiquement attribués à la mère. Petite nouveauté : désormais en cas de maternité + éducation, deux trimestres d'éducation vont obligatoirement à la mère. En d'autres termes, le père peut au mieux obtenir deux trimestres d'éducation, contre quatre avec le système précédent.
| Situation |
Mère / Parent 1 |
Père / Parent 2 |
| En cas de maternité + éducation |
6 trimestres minimum :
4 trimestres maternité + 2 trimestres pour l'éducation |
2 trimestres éducation au maximum |
| En cas d'adoption + éducation |
4 trimestres minimum :
2 trimestres adoption + 2 trimestres éducation |
4 trimestres maximum :
2 trimestres adoption + 2 trimestres éducation |
La majoration de pension de 10% pour trois enfants ou plus est étendue aux professions libérales.
Comment anticiper la baisse de ses revenus lors du départ à la retraite ?
Pour éviter une baisse de vos ressources lors du départ à la retraite, il faut prévoir le plus tôt possible des solutions de revenus complémentaires. Nos experts en gestion de patrimoine vous apportent leurs conseils pour vos choix d'épargne retraite.
Développer son patrimoine avec un plan d'épargne retraite (PER)
Le PER est le nouveau contrat retraite créé par la loi Pacte en 2019. Il a pour objectif de remplacer les anciens contrats retraite comme le Perp et le contrat Madelin qui ne sont plus commercialisés. Le PER permet d'épargner pour obtenir un revenu complémentaire à la retraite. En phase d'épargne, les versements volontaires sont déductibles de l'impôt** sur le revenu. Un déblocage anticipé du PER est autorisé en cas d'accidents de la vie ou pour financer l'achat de sa résidence principale. Au moment de la retraite, le PER peut être liquidé sous forme de rente viagère ou de capital. Les deux modalités de sortie du PER peuvent se combiner.
Le contrat d'assurance-vie pour préparer sa retraite ou la transmission de son patrimoine
Le contrat d'assurance-vie permet de construire une épargne à long terme sans plafond de versement. En fonction du profil de risque de l'investisseur, les sommes investies seront placées, selon une répartition variable, sur des fonds en euros et/ou des unités de compte. Ce type de contrat offre la possibilité de retirer son argent (rachats) à tout moment. Il peut aussi être débloqué sous forme de rente à la retraite. En matière de succession et de rachat, le contrat d'assurance vie vous permet de bénéficier d'une fiscalité avantageuse sous certaines conditions.
L'immobilier locatif et l'immobilier pierre papier pour diversifier son patrimoine
Investir dans l'immobilier offre deux avantages majeurs : diversifier son patrimoine et se constituer un complément de revenu pour la retraite. On peut envisager l'immobilier locatif, l'investissement immobilier en nue-propriété, les Sociétés Civiles de Placements Immobiliers (SCPI).
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** Sauf option contraire de votre part et déduction des versements dans la limite d'un certain plafond.